Exploitation sexuelle
Le CALACS L’Ancrage croit que le corps des femmes ne s’achète pas. Il milite pour une société où l’exploitation sexuelle n’existe pas, où vendre son corps n’est pas une option. La solution? Décriminaliser les adolescentes et les femmes qui sont dans la prostitution afin qu’elles puissent avoir des outils et des services tout en criminalisant les clients, proxénètes, etc. L’organisme croit donc qu’un monde sans prostitution est possible.
Le CALACS L’Ancrage accueille toutes femmes qui vivent ou qui ont vécu de l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes en offrant de l’écoute et des outils, afin de travailler sur les conséquences que cela peut engendrer (confusion émotionnelle, culpabilité, honte, peur, anxiété, impuissance, isolement, méfiance, conflit, estime de soi, difficultés sexuelles, etc.).
L’exploitation sexuelle est une forme d’agression à caractère sexuel. C’est « une pratique par laquelle une ou des personnes obtiennent une gratification sexuelle, un gain financier ou un avancement quelconque en abusant de la sexualité d’une personne ou d’un groupe de personnes, lésant ainsi le droit de ces dernières à la dignité, à l’égalité, à l’autonomie et au bien-être physique et mental. » [i]
L’exploitation sexuelle se présente sur diverses formes telles que la prostitution, les services d’escorte, les bars de danseuse, la pornographie, les massages érotiques, etc.
Un travail comme un autre? Non![1]
- 14-15 ans est l’âge moyen d’entrée dans la prostitution au Canada.
- La grande majorité des femmes prostituées consomment des drogues ou de l’alcool pour être capables de le faire.
- Les femmes prostituées ont un taux de stress post-traumatiques aussi élevé que les militaires.
- La majorité des femmes qui sont dans la prostitution ont subi des agressions physiques répétées y compris des agressions sexuelles, coups et blessures graves (fractures, hémorragies, commotion cérébrale). Certaines ont même été tuées.
- 34 ans est l’âge moyen du décès des femmes dans la prostitution et leur taux de mortalité est de 40 fois supérieur à la moyenne canadienne.
- Près de 75 % des adolescentes et des femmes dans la prostitution ont entre 13 et 25 ans.
- 85% soit presque la majorité des adolescentes et les femmes dans la prostitution ont vécu des agressions à caractère sexuel dans l’enfance.
- 92% d’entre elles voudraient quitter le milieu de la prostitution.
[1] Conseil du statut de la femme. 2012. La prostitution : il est temps d’agir, Québec : Conseil du statut de la femme.
La prostitution n’est pas un choix, peu importe le milieu (danse, massage, rue, escorte, etc.). En effet, certaines femmes se sont fait recruter dans la prostitution avec des stratégies de manipulation, chantage, violence, etc. Pour d’autres, certaines contraintes sociales, comme la pauvreté, ont amené la femme à aller vers la prostitution.
Il faut aussi prendre en compte que la majorité d’entre elles entrent dans la prostitution à un âge mineur, et les femmes autochtones et racisées sont surreprésentées dans la prostitution.
Par ailleurs, il est important de se questionner sur le consentement réel dans la prostitution. Est-il toujours éclairé, sans drogue, sans alcool? L’adolescente ou la femme connait-elle ce qui l’attend dans le milieu de la prostitution à court et à long terme? Peut-elle facilement sortir de la prostitution? Vit-elle de la violence, du chantage ou des menaces? Peut-elle facilement retirer son consentement lorsqu’il y a eu préalablement un accord financier? Ce sont de multiples questions qui peuvent mettre en doute le consentement.
La prostitution fait partie du continuum des violences faites aux femmes et l’industrie du sexe est alimentée par le système patriarcal. Effectivement, plusieurs femmes dans la prostitution ont vécu des violences sexuelles dans l’enfance et elles vivent des conséquences durant et après la sortie de la prostitution. C’est d’ailleurs une des raisons qui amène les CALACS à revendiquer des soins de santé et sociaux juridiques exempts de discrimination et de préjugés pour ces adolescentes et femmes.
L’argent et le pouvoir sont majoritairement détenus par les hommes dans l’industrie du sexe. Ce milieu influence d’ailleurs des rapports hommes et femmes inégaux, et alimente d’autres formes d’oppression telles que le racisme et le colonialiste.
Le CALACS L’Ancrage croit que la décriminalisation de la prostitution n’est pas une solution pour la sécurité des femmes dans la prostitution.
Dans les pays où il y a eu légalisation de la prostitution, les demandes de clients ont augmenté, ainsi que la traite de personne et l’exploitation des mineurs. De plus, plusieurs femmes ont été assassinées dans un bordel légal, chez elles ou le proxénète. La capacité de « travailler » à l’intérieur, la décriminalisation de la prostitution organisée et la légalisation du travail du sexe n’ont pas supprimé le risque d’être battues, maltraitées ou forcées[2].
Le Canada a décidé en 2014 d’adopter le modèle nordique où les femmes sont partiellement décriminalisées et les clients ainsi que les proxénètes sont criminalisés.
Pour plus d’information sur la loi canadienne et le modèle nordique, consulter les pages suivantes :
- Loi canadienne : https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/autre-other/c36faq/.
- Modèle nordique : http://www.lacles.org/wp/wp-content/uploads/MOD%C3%88LE-NORDIQUE-FINAL.pdf.
[2] Johnston, L. (2011). Les contre-vérités de l’affaire Bedford c. Canada : pourquoi décriminaliser la prostitution n’est pas une solution. En ligne : http://sisyphe.org/spip.php.
Il est important de mettre en lumière l’exploitation sexuelle chez les adolescentes, puisque l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est entre 14 et 15 ans au Canada.
Plusieurs contextes peuvent mener à la prostitution chez les adolescentes. En voici quelques exemples :
- Instabilité familiale;
- Isolement;
- Vécu d’agression sexuelle;
- Désir de plaire;
- Désir d’avoir un amoureux;
- Goût de l’aventure
- Etc.
Quoiqu’il peut y avoir un ou plusieurs contextes vers la prostitution, il ne faut pas minimiser l’influence du proxénète ou du « pimp ». En effet, celui-ci utilise différentes stratégies pour amener l’adolescente vers la prostitution. Il va offrir des cadeaux, vendre du rêve (vie de couple idéalisée : voyages, appartement, etc.), donner l’impression d’être amoureux d’elle, faire pression, manipuler, utiliser la violence, passer par le rite d’initiation (comme une agression sexuelle collective, en lui faisant croire qu’elle était consentante), utiliser d’autres filles pour la recruter (ces dernières vont l’approcher et lui parler de leur propre vie dans l’industrie du sexe comme étant « glamour »).
Voici d’ailleurs une image qui explique le processus de recrutement dans la prostitution :
Pour plus d’information sur le processus d’engagement, cliquer sur le lien suivant : https://calacslachrysalide.ca/index.php/exploitation-sexuelle/.
Parents ou amies? Il est possible d’obtenir de l’écoute et du soutien en appelant au CALACS. Pour plus d’information, consulter les attitudes aidantes.
[3] Tiré de : Bergeron, M., Hébert, M., Fradette-Drouin, L., CALACS Entraid’Action, CALACS Agression Estrie, CALACS Laurentides, L’Élan-CALACS, La Pointe du jour *CALACS Sept-Îles, Regroupement québécois des CALACS. (2016). Programme Empreinte : Agir ensemble contre les agressions à caractère sexuel – Guide d’animation auprès des jeunes de niveau secondaire. Montréal, Québec : Université du Québec à Montréal.